Masha Dimitrov XP : - 25
| Sujet: Masha Dimitrov, "l'Oeil Rouge" de la Lune Jeu 14 Déc - 18:30 | |
╔ Âge : 30 ans. ╠ Avatar : Masha, self-made (sort of). ╠ Parrain : Non. ╚ Comment avez-vous découvert le forum ? Je suis gérontophile. Quand un vieux me propose de jouer avec lui, je fonce. Masha Dimitrov ╔ Âge : Pas loin de la trentaine en apparence, 15 ans d’âge vampirique. ╠ Clan : Malkavian. ╚ Situation : Journaliste occulte, anarchiste rêveuse et dealeuse à ses heures perdues. Description de votre personnage Il est difficile de se représenter la psyché de Masha en quelques lignes. Si on devait définir par un livre ? Le Dieu venu du Centaure de Philipe K.Dick. Un film ? Brazil par Terry Gilliam. Un corps céleste ? Une naine rouge sur le point d’exploser. Un tableau ? Les représentations infernales de Bosch. Une fleur ? La fusion de toutes. Une idéologie ? Punk. Un bruit ? Le silence long et pesant, qui dissimule une colère incommensurable. Elle peut incarner le loup déguisé en vieille dame dans Le Petit Chaperon Rouge, elle peut être la magnifique étincelle qui précède l’explosion, la balle dans le barillet lorsque vous jouez à la roulette russe, le caillot qui parasite vos entrailles et s’infiltre jusqu’à votre cerveau, la chaleur de votre dernier souffle, la détresse de votre premier cri, l’innocence de votre première fois ou la monotonie de votre dernière, ce rêve qui vous anime depuis l’enfance ou ce cauchemar qui revient sans cesse. Il est difficile de sonder les sentiments de Masha en quelques secondes. Le tragique n’existe que si on lui accorde ce crédit. Vous pouvez rire aux éclats lors de funérailles intimes, être dans le chagrin lorsque deux cœurs s’embrasent, faire preuve de mutisme face au chaos ou déchirer le silence pour éveiller les têtes pensantes, mais aussi vous incliner lorsqu’il le faut ou vous soulever lorsque personne n’oserait le faire. L’émerveillement est une parcelle de Vérité que trop négligent. Parlez à la plus petite créature qui peuple ce monde et on vous traitera de fou. Chantez sous une chaude pluie d’été et on se détournera de vous. Dansez dans le tumulte de la circulation à ses heures les plus sombres et on vous hurlera dessus. Levez les yeux au ciel quand la masse évolue à l’horizontal et on vous jugera comme trop lunatique. Partagez vos rêves au premier venu et il vous qualifiera d’illuminé. Un monstre n’est jamais que la représentation de ce que l’on craint. Masha l’incarne pour qui veut, mais elle peut également se donner des airs d’agneau. Tout ce qui compte, c’est la nature de votre regard. Car le sien ne reflète au premier abord qu’un mélange d’or et de jade, la pureté même. Parfaitement incrustés dans un visage aux angles caucasiens caractéristiques, ils se marient tant avec son interminable crinière d’un azur chatoyant qu’avec le reste de sa silhouette haute en couleur. Son style vestimentaire clairement orienté mélange la noirceur et la dureté de son âme avec d’innombrables touches d’encre vive représentant divers motifs symboliques ou tout simplement fantaisistes. A l’entendre parfois, c’est son corps tout entier qui serait couvert de ces tatouages. Une image pour chaque chose, chaque idée, chaque épreuve. Malheureusement la mort s’invitant dans la danse pour une durée plus ou moins longue, il lui faudra se contenter de ceux-là. Si peu d’espace à couvrir mais tellement de formes à peine dissimulées, la plante attire l’œil mais gare à celui ou celle qui voudrait la cueillir. La nature est simple, construite sur des codes. Il est facile de jouer sur les apparences, et cela devient plus complexe lorsqu’une part de vérité la compose. Sans invitation vous ne rencontrerez que le silence, ne verrez que l’écorce formidablement fragile et rebelle, ne sentirez le poison du baiser qu’elle vous offrira. Sans invitation, le risque est grand. La perte, peut-être négligeable. Tout ce qui compte, c’est la nature de votre regard. Histoire [1958] Naissance de Masha dans la banlieue de Saint Pétersbourg, d’un père romancier originaire d’Italie et d’une mère travaillant officiellement dans l’astronautique. [1961] Le 23 Mai deux radioamateurs italiens, Achille et Giambatista Judica-Cordiglia, prétendent avoir capté des transmissions russes. Il s’agissait selon eux de signaux de détresse d’une femme dont la capsule aurait été détruite lors de son retour dans l’atmosphère. Ce même jour le père de Masha lui apprend que sa femme ne rejoindra plus jamais le cocon familial. Ce n’est que bien des années plus tard que la jeune fille tombera sur l’article du journal italien, habilement dissimulé dans les affaires de son paternel. Un lien probable, même si le mystère demeure faute d’explications claires. [1965-1974] Masha s’oriente à la fin de son cycle scolaire dans le domaine de la littérature et du journalisme. En effet elle possède déjà bon nombre de prérequis en la matière compte tenu de la nature de sa cellule familiale. S’y ajoutent une curiosité maladive, un tempérament d’électron libre et une soif intarissable de connaissances. Malheureusement, cela ne va pas durer. [1974-/] L’absence de sa mère et la dépression de son père ne lui sont pas d’un grand secours. Très tôt Masha développe un fort caractère, un mal de vivre qu’elle cache habituellement enfoui sous une épaisse carapace. Au plus fort de l’adolescence elle se met à côtoyer les milieux underground, et fait connaissance avec toutes les substances lui permettant de s’évader. C’est son seul moyen d’effacer un instant toute la noirceur du monde sur lequel elle crache chaque jour. [1977-1986] Elle obtient son premier diplôme et s’oriente aussitôt vers des études de journalisme. Profitant de sa double nationalité Masha entame des procédures afin de poursuivre ses études aux Etats Unis, ce qui lui pose quelques soucis. Nous sommes en pleine Guerre Froide, toutefois son dossier circule dans plusieurs grandes écoles dont la prestigieuse Colombia University basée à Manhattan qui retiendra finalement sa candidature sous conditions. Elle déménagera au cours de l’année dans un petit appartement en plein cœur du Bronx. Dès lors son quotidien vacille entre les études et petits boulots. Elle perd très vite son énergie, et rencontre quelques difficultés d’intégration à cause de son accent prononcé. Le lien avec sa famille se dénoue progressivement, Masha sombre bientôt dans le siphon du désespoir et de la mélancolie. [1986-1989] Son état de dépendance s’aggrave, mettant à la fois ses études et sa situation personnelle en péril. D’abord simple consommatrice Masha se met au commerce de drogues pour assouvir ses propres besoins mais aussi ceux de son entourage. Elle se fait une petite réputation de dealeuse dans le quartier, abandonne son travail, mais décroche malgré tout son diplôme. A partir de là l’enfer s’installe, et la petite expatriée se recroqueville sur ses maux qui deviennent autant de mots allongés au hasard de ses déambulations. Des écrits faisant office de mémoire, et de miroir sur une lucidité qui lui échappe toujours plus. [1989] Elle reçoit un beau jour la visite inattendue de son paternel qui, alerté à plusieurs reprises par le propriétaire de l’appartement pour des négligences de loyer n’a eu d’autre choix que de venir constater l’étendue des dégâts. Masha accuse le coup. Elle est intégrée de force dans un programme de désintoxication pour une année entière, avec suivi psychiatrique. A partir de ce jour elle n’aura que rarement des nouvelles de sa famille, et devra affronter ses démons seule. Dans un premier temps. [1990] Dès son entrée en clinique Masha se fait mettre en relation avec celui qui deviendra son psychologue attitré, et bien plus encore : le Dr Corbin Fergusson. Chaque semaine est rythmée par son lot de réunions, d’ateliers artistiques ou de réflexions, et d’activités pédagogiques visant à les faire reprendre pieds dans un système bien défini. Chaque semaine, en début de soirée, le Dr Fergusson la reçoit dans son cabinet. Et chaque semaine, un lien très particulier se tisse progressivement entre les deux individus. Au bout de plusieurs mois ils deviennent presque intimes, et partagent de nombreux points communs. La barrière professionnelle est brisée à l’aube de sa première année d’internement et de réhabilitation, après avoir pu négocier quelques semaines auparavant un conditionnel sous surveillance. Elle sera étreinte ce soir-là, et gardée plusieurs jours en quarantaine officiellement pour « risque de contamination » suite à une infection sérieuse. Après quoi elle quittera l’établissement avec l’aide de son Sire, et une classique falsification de son dossier. [1991-1995] Masha rejoint les rangs de la Camarilla. Abandonnée par son Sire et sa famille, elle se doit de démarrer une nouvelle vie et s’en donne les moyens. Il lui faudra malgré tout un certain temps pour s’acclimater à sa nouvelle nature de vampire et de Malkavian. Toutefois, avant que Corbin ne la laisse se débattre dans la toile, il ne manquera pas de l’introduire au reste des forces Camaristes en place. Elle y vivra de longues années sous la coupelle d’une vieille mégère affable et corrompue par sa propre folie. Au fil des affaires sa place se creuse mais le système lui pose rapidement problème. Masha n’est qu’un outil. Elle ne devra d’ailleurs sa survie qu’à un accès d’altruisme de la part de sa Primogène lors d’une sombre affaire de massacre perpétré en plein cœur de New York et dont elle est, ainsi que d’autres vampires, rendue coupable. Au bout d’une semaine d’enquête ils trouveront non seulement de quoi s’ôter de la liste des suspects, mais surtout le véritable motif de cet incident ainsi que les commanditaires. L’affaire est en apparence réglée, mais de nombreux fils s’entrecroisent pour former quelque chose de plus grand, de plus noir. [1995-2001] Les enquêtes se succèdent. Devenue rapidement reporter de l’occulte Masha se penche avec l’aide de ses compagnons d’infortune sur d’étranges rumeurs ou phénomènes. Meurtres aux circonstances nébuleuses, saccages, disparitions… Jusqu’à devoir endiguer un début d’épidémie de peste vampirique, épisode durant lequel Sabbat et Camarilla signeront une courte trêve afin de concentrer leurs forces sur un problème qui les touchera durement et ce pendant plusieurs semaines. Fort heureusement l’affaire fut réglée, non sans pertes, et ne s’étendit pas à la communauté humaine. L’un des principaux responsables, un Ancien fraichement sorti de torpeur et possédant d’étranges facultés en rapport avec les maladies et l’essence vitale, disparut quant à lui de la grande fresque. Cette expérience marqua l’esprit torturé de Masha au fer rouge, et la poussa à une certaine ouverture d’esprit. Côtoyer d’autres âges, d’autres mentalités que celle de la Camarilla n’est pas sans conséquences. [2002] Au cours d’une énième affaire mêlant occulte et tragédie classique Masha fait la rencontre d’un groupe d’Anarchs en plein cœur du Texas. Leur témoignage est crucial, mais c’est tout autre chose qui marqua à jamais un tournant dans son existence. Pour la première fois dans sa non vie, elle venait d’épouser l’âme d’une sœur de sang et par la même une idéologie qui ne la pousserait plus à agir comme un vulgaire outil. Le meilleur moyen de comprendre un système étant de le briser pour mieux le reconstruire. Une fois l’enquête close, Masha déserta donc les rangs de cette Famille qui jamais ne sut la reconnaître à sa juste valeur. De retour à New York elle vida son appartement dans la précipitation avant d’y mettre le feu et de s’engager sur les routes menant au Texas dans le but d’y retrouver son araignée jumelle. S’en suivirent plusieurs mois de réhabilitation où elle put embrasser de nouveau sa passion du journalisme et de la débauche sous toutes ses formes. Puis les deux Malkavian décidèrent d’un commun accord de tisser leur toile ailleurs et fonder leur nid stérile là où personne ne viendrait les confondre. [2003-2005] Chicago, terre du renouveau. Les deux femmes s’installent dans un coquet appartement en plein centre-ville. Les talents de mécanicienne deux roues de Selina font qu’elle trouve rapidement un poste dans le premier garage venu, où elle officie de nuit sur les carcasses les plus récalcitrantes. Masha quant à elle réintègre un réseau de quartier et se met à la vente de drogue. Ses clients deviennent parfois des passerelles vers le monde de la nuit et de la Nuit, arpentant l’une et l’autre en saupoudrant les ténèbres de rencontres. Peu à peu la couverture recouvre son passé, à un détail près. Ses très nombreuses pérégrinations en ville la poussent à reprendre ses instinct de journaliste au vol, et de les mettre au service de tous ces vampires en manque de sensation ou de Drama. Elle se lance donc dans la rédaction d’une gazette underground axée sur l’occulte, tout en acceptant un petit boulot de gratte papier au sein du Chicago Tribune. De là, il lui sera désormais plus facile de pêcher les informations, de se forger une armée de distractions virevoltant autour d’elle et la dissimulant habilement au regard du monde. Le meilleur moyen de se cacher réside parfois dans le fait de s’exposer. Générer du chaos pour jouir d’une paix durable. Histoire Complète - Spoiler:
пожинать и ковать (Fauche et martèle) Cette histoire n’avait déjà rien en commun avec celles que l’on peut habituellement lire dans les carnets d’une jeune femme. Peu de gamines se retrouvent avec des parents à ce point mystérieux, mus par le seul désir de préserver leur progéniture mais oubliant que celle-ci aimerait bien en apprendre davantage sur eux. Surtout lorsque l’on finit par en perdre un en route, sans que l’autre ne daigne apporter le moindre éclaircissement. Habitué des énigmes, mon père n’a jamais voulu me dire pourquoi un beau jour sa chère femme n’est plus rentrée à la maison, ni pourquoi elle n’a jamais eu la moindre sépulture. Je méritais au moins de savoir, je méritais un deuil. Mais ainsi se passent les choses dans le cocon familial, depuis toujours. Et avec du recul, je me dis qu’il valait mieux pour moi ne pas trop en apprendre. Trop jeune pour en vouloir à ma Mère Patrie, pour hurler mon incompréhension devant le Kremlin, cet horrible château en pain d’épice qui l’avait avalé sans remords. Ainsi vont les choses en Russie. On s’engage, pour la vie. Je n’ai appris que bien plus tard, en fouillant dans les affaires de mon père. En retrouvant ce morceau de journal soigneusement rangé dans un coin du tiroir. Un article du TASS daté du 26 Mai 61, et dans lequel on déplorait avec une intolérable pudeur la perte d’une astronaute en mission. Trois jours auparavant, deux frères italiens radioamateurs avaient soit disant capté les transmissions de celle qui fut renommée Ludmilla et qui, désespérément tentait de comprendre elle aussi pourquoi. Pourquoi il faisait si chaud dans l’espace, pourquoi des flammes commençaient à entourer sa capsule. Mon intuition fit automatiquement le lien entre la disparition de ma mère et le récit glauque de cette mort à peine relatée par les médias nationaux. Mais je n’étais pas censée le savoir, alors ma peine s’est tue jusqu’à imprimer mon âme sur les parois de la tourmente. Des années entières je me suis drapée de noir, sans que mon père lui aussi torturé ne se doute une seule seconde du mal qui nous rongeait mutuellement. Dès mon entrée dans les enseignements supérieurs, je me mis en quête de la veine toxique afin d’en extraire l’essence à ma manière. J’avais quelques prédispositions pour l’écriture et, faute de vouloir partager mon temps libre avec celui qui de toute évidence préférait s’encloisonner dans un mutisme maladif j’avais depuis longtemps déjà étoffé ma culture littéraire et artistique. C’est ainsi que naquit ma plume d’abord crasseuse et hésitante puis davantage souple et ciselée à mesure que les maux devenus mots s’étalaient sur une multitude de feuilles tantôt empilées dans un coin de ma chambre tantôt exposées au regard d’autrui par le biais d’un journal étudiant local. Si je prenais plaisir à renforcer cette bulle d’un venin protecteur il me vint bientôt l’envie de m’en détacher, faire exploser ces parois et jaillir telle une araignée bondissant de sous la terre meuble pour fondre sur sa proie. Le monde allait très vite s’emmêler dans la toile de reflets acides. A commencer par le continent de toutes les promesses et de tous les malheurs : l’Amérique. Il fallait aller de l’avant. C’est tout ce qui comptait pour moi, pour lui, ce qui aurait compté pour elle. Je termine mon cycle supérieur malgré de nombreuses rechutes. A cette époque ma chrysalide se brise, laissant émerger la prédatrice haute en couleur que je serais bientôt pour le reste de l’éternité. Nous sommes à l’apogée du mouvement punk, il faut se fondre dans la masse enflammée. Embrasser la révolte, dénoncer la corruption du système qui nous étouffe, de la censure qui nous viole au plus profond de notre âme. Le corps forgé dans un moule se transforme et s’arrange, évolue. La haine de ce monde coule sur une silhouette hier inoffensive mais qui désormais arbore tous les arguments pouvant faire plier l’autre. Et comme certains messages ne sont qu’idées absentes de la physiologie naturelle je fais graver partout les signaux que des semblables reconnaîtront sans mal. Des aimants qui repoussent ou attirent, comme autant d’étoiles dans ce ciel de sang. Le bruit pulse, assourdissant, un essaim traverse mes membranes tandis que d’innombrables piqûres apportent maux et merveilles en déchirant le voile du tout lucide. La peau du monstre se fait plus rugueuse et s’orne de pics ou de cuir épais. Pourtant l’œil se veut cristallin, et ses chatoiements reflètent les trésors que l’on peut trouver en déchiffrant les motifs de la fresque sur laquelle se répand une interminable crinière azur flamboyante. La petite araignée tisse son réseau à l’insu de sa famille. Je la vois arpenter les rues et piéger ses proies en leur offrant un peu de poudre de rêve. On lui donne même un nom : Matryona, la poupée aux multiples couches. Un jour élève modèle, un soir putain, le lendemain journaliste emportée par le vent de la rumeur. Au milieu des années 80 la Guerre Froide chancèle et montre les premiers signes d’une mort rassurante et souhaitée. Je profite des largesses de mon paternel et de notre sang hybride pour presser le pas vers l’horizon. Mes dossiers peinent à franchir le Pacifique mais certains finissent par s’échouer dans plusieurs écoles spécialisées. Une seule retiendra mon matricule prometteur, du haut de sa tour d’ivoire. Je suis admise à la prestigieuse Colombia University, section journalisme. Il ne faudra que quelques semaines avant que je plie bagage et m’envole sous les recommandations du Père condamné à souffrir la perte de ses êtres les plus chers. Direction les Etats-Unis. Ils avaient posé leur pied graisseux sur la Lune, je posais le mien chez eux en crachant sur cette pieuvre rouge agonisante qui tua ma mère des années plus tôt. Tout ça pour ça. Tout cet argent, toutes ces vies, toutes ces larmes de tristesse puis de joie pour un morceau de caillou dans le ciel. Pitoyable. Paint it Black Une poupée russe, dévoreuse de vers, s’installe dans les galeries de la Grosse Pomme. Le temps s’efface à une allure vertigineuse. Le Bronx crache, fulmine et saigne. Légions de vermines parasitent son sein, vomissant leurs cauchemars dans les quartiers voisins. J’y trouve sans mal le carburant nécessaire pour assouvir les pulsions de mon cœur. Très vite la Matryona plante ses drapeaux où bon lui semble, et laisse naître une pointe de rouge dans cet océan de mazout. D’un côté du monde ou de l’autre, certaines choses sont immuables. Universelles. La médecine de rue s’applique sur les plaies de l’âme et ne connaît ni frontière ni conflit ethnique. La crasse est partout, il devient donc facile de s’imposer en promettant un remède. C’est ainsi que le commerce fleurit, que son nom circule, et que les études reprennent. Ma langue se fourche afin d’apaiser l’ennemi, je suis mouton de sang et je fauche les faibles pour quelques billets et des heures de mirage. Tous ces cycles voient un visage différent s’éteindre et reparaître, port du masque obligatoire lorsqu’on essaye de se faire une image de modèle. Ne brisez pas le miroir, puisqu’un linge suffit à tuer votre reflet. Employée du mois dans une épicerie du coin, réfugiée politique vénéneuse portant sur elle les atours du démon communiste sous les traits de l’agneau. New York est un gigantesque bal costumé où tous se croisent mais ne savent danser ce qu’ils aimeraient. Le rêve américain porte bien son nom. Il vous aveugle pour que vous ne puissiez voir venir la mort lente ni que vous sentiez le flétrissement de vos chaires. Seuls les illuminés au nez poudreux, aux veines noircies et aux yeux éteints peuvent se targuer d’agir en prophètes. Ils s’organisent bien souvent sous terre en communautés éphémères, faisant vibrer le monde à coups de basses et de textes vociférants. Repaires de prédateurs et de naufragés, on évite bien souvent de se frotter à la masse de peur de répandre le poison et décimer ceux qui servent à assoir notre silence. Le réseau s’étoffe, certains diront qu’il s’agissait de mauvaises personnes. Encore aujourd’hui, ils sont pour moi des sauveurs. Des anges corrompus, les mains pleines de promesses. Des clés contre un peu de temps, de la nourriture avariée contre cette industrie tentaculaire et insatiable. Celle qui vous attrape, vous écrase et, une fois que vous êtes à l’agonie vous offre l’opportunité de combattre en son nom. Et ce vent qui jadis me gonflait comme un linge sous le regard moqueur de l’astre feu, ce souffle autrefois paisible finit bientôt par m’arracher du fil de la raison. Il m’emporta dans les limbes où d’innombrables portes s’ouvrirent vers des univers enchanteurs. Et lorsque la nausée submergeait ce paradis fantasmé alors vous pouviez vous munir d’un radeau et attendre que la marée s’efface ou bien vous laisser prendre par le courant qui vous mènera vers les rives de la réalité. Comme beaucoup je lutte un temps mais devient un jour architecte naval et ainsi mes rêves perdurent jusqu’à impacter sérieusement la perception de mon environnement. Je ne tarde pas à perdre mon précieux emploi et, au bout de quelques semaines ma bourse suite à de trop nombreuses absences. Mes maigres richesses je les prospecte directement dans le cœur des mines errantes. Elles ne servent toutefois qu’à alimenter ma propre folie, mon intime désir d’embrasser le rêve pour toujours. C’est là où je trouve mon bonheur, là où je fais danser ma plume. Mais la tempête approche à grands pas, l’encre se met à pleuvoir et ternir le mirage chatoyant. Nuées d’autres plumes se plantent tout autour. Ici une mise en demeure, là quelques loyers en attente. Les mots s’emparent du songe, le corrompent. Finalement le tonnerre gronde et Dieu le père m’arrache à cette illusion qui ne m’appartient plus. Je reconnais ce visage. J’aurais cru ne jamais y voir de la colère ou du mépris. Je le croyais éternellement gravé dans un noyau dur de tristesse et pourtant le voilà qui me fixe en hurlant son incompréhension dans une langue que ne semble pas comprendre les deux pingouins qui l’accompagnent. Je comprends vite qu’il n’est plus possible de reculer ni de fuir à l’autre bout du monde, encore. Je comprends aussi que ma vie future est en péril. Que s’émanciper du système aurait pu me coûter cher, la faute à des choix du cœur et non de l’âme. Séance tenante on me juge coupable et le tribunal de l’appartement où je réside me condamne à une cure de désintoxication. La peine est prononcée, puis appliquée dès le lendemain. On ne sait jamais comment cela se passe dans une prison avant d’y être soi-même enfermé. Et il n’y a pas pire situation que celle d’un animal sauvage que l’on jette dans une cage dorée en le privant à la fois de sa liberté mais aussi de ses rêves. Les premières semaines passées dans cette clinique privée furent une véritable torture. Rarement lucide pour ne pas succomber au manque ou à des crises de frénésie j’errais pour la plupart du temps dans les jardins ou assise à l’écart de ces misérables pantins auxquels je ne souhaitais pas être associée. Mon dernier rapport avec le monde extérieur passait chaque semaine par la réception d’un appel de mon père qui inévitablement se contentait de rester très évasif, protocolaire et détaché. Il s’agissait là malgré tout d’un moyen de rebrancher la machine, de se réhabiliter et d’apprendre à expier ses fautes. Les seuls instants où mes larmes furent sincères. Cela se produisait généralement au cours des séances avec mon psychologue attitré, le Docteur Corbin Ferguson, devant qui je laisse exploser tout ça d’une manière ou d’une autre, mais pacifiquement. Cela nous a amené à ce que je lui parle de mon cursus, du pourquoi, de mes envies en rapport avec ça. Je ne sais pas exactement quand est-ce que c’est parti trop loin, quand est-ce que la frontière a été franchie. Mais ça été le cas, plusieurs fois. Après des semaines, des mois ? Nous aimions repeindre et fantasmer le monde. J’adorais tout particulièrement lorsqu’il se mettait à retracer l’Histoire comme s’il l’avait intimement vécue, ou encore lorsqu’il décortiquait les mythes et légendes pour en extraire quelque réalité discutable mais intrigante. C’était très enivrant, libérateur. Nous partagions souvent une forme de troc. Mes « œuvres » comme il aimait à les appeler, contre ses histoires. Et il n’hésitait pas à déborder sur ses horaires pour ça, à tel point qu’il dû plusieurs fois se justifier devant le reste du personnel soignant dans la mesure où nos séances avaient lieu en début de soirée. Il aurait pu se passer des choses. Il était bel homme, le regard lumineux, toujours prêt à s’extasier devant le monde. Loin d’être un lunatique, il brillait souvent par son attention. Il aura malgré tout fallu que je le surprenne, un jour où il me raccompagnait à la porte de son bureau. Je ne sais pas ce qui m’a décidé cette fois-là et pas une autre. Peut-être un angle d’éclairage, un regard, je ne sais pas. Mais il s’est produit ce que le cœur invite et défend à la fois, sans qu’il n’y ait de « on ne devrait pas vous savez ». Pas de clichés, que du spontané. Notre petite danse dura plusieurs jours de cette façon, puis un soir il est venu avec moi, comme je venais de négocier quelques temps auparavant de la mise en place d’un conditionnel. Cela faisait une éternité qu’un homme ne m’avait pas prise avec tant de délicatesse et d’attention, que j’en ai eu des frissons. A moins que ce soit simplement autre chose, un vent frais. Il me sondait, me promettait lui aussi tant de choses folles, l’éternité, la guérison, le monde tout entier. Je n’aurais même pas eu besoin de lui répondre, car j’aurais accepté n’importe quoi pour rebondir, reprendre ma vie en main. Si on m’avait dit que pour cela il fallait que je la lui donne, peut-être y aurais-je réfléchi à deux fois. Mais sur l’instant, rien. Juste la sensation d’une morsure à la naissance de ma poitrine, comme lors de mes premières piqûres d’extase. Et le néant. Kashmir Puis de nouveau la lumière, diffuse, mais agressive. Une bouffée d’air à la manière d’un noyé que l’on sauve in extremis. Et une soif abominable. Une fièvre brûlante, qui vous donnerait envie de vous arracher la peau. J’hurlais, d’abord pour qu’on m’aide, mais également pour comprendre car j’avais beau me débattre comme une diablesse mon corps demeurait impassible. Sanglé de part et d’autre. Ma gorge seule tentait désespérément de faire jaillir toute l’étendue de ma tourmente, en vain. Mes yeux se voilèrent une première fois une seconde ou peut-être une heure, pour s’ouvrir sur un puits en flammes où d’innombrables silhouettes décharnées et entravées imitent mon appel. D’un simple battement je retrouve la lumière, et tente de compter. De chercher un repère. Corbin trouve le temps de me rassurer, et me murmure des choses que je n’accepte pas, que je ne peux pas assimiler. Combien de jours ? Pourquoi cette soif, pourquoi ce goût infâme et cette sècheresse sur mes lèvres ? Je demande péniblement de l’eau, on m’apporte du fer rouge. Dans quel but ? Pour boire, bien entendu, calmer l’ardeur de l’étreinte, embrasser la Toile. Des poches qui proviennent de sa réserve personnelle et qui gisent à ses pieds, après avoir su rassasier une vampire fraîchement née et officiellement en quarantaine dans sa chambre pour cause de maladie infectieuse. On pourrait presque en faire un conte. Mais il s’agit d’un cauchemar bien réel. Je lui en ai longtemps voulu, pour les fiançailles de sang. Une formidable claque qui réveillerait les morts, m’ouvrit les yeux comme jamais aucune drogue ne sut le faire. Je reprends peu à peu mes esprits, sortant d’une longue léthargie. La solitude tisse ses liens et me parcoure sous la forme d’innombrables insectes. Les hallucinations persistent, la lumière artificielle est un nouveau soleil et la migraine un chant éternel. Le temps se dilate, explose et se répand comme autant d’étoiles dans la voute céleste. Un soir où les crises m’offrent un semblant de répit Corbin m’annonce pour la énième fois ce que je ne pourrais concevoir. Habituée des mythes et de la fantaisie littéraire, qui aurait pu une seule seconde croire à de telles choses. Et pourtant les faits sont là. Mon corps se glace, mon cœur ne tremble plus, je régurgite tout ce que mon aimé présente à mes papilles exception faite de ce que je présume être du sang. Il faut se rendre à l’évidence. Il faut se remettre, s’adapter, voir. Faire connaissance avec ce « Nouveau » Monde. Alors je passe plusieurs nuits alitée, j’essaye tant bien que mal de me faire une raison. Mon crâne pulse sous les visions de cauchemars, s’éveille dans des réalités altérées. Mon esprit s’abreuve de leçons. Une fois capable de me mouvoir sans flancher je tente malgré moi d’embrasser le renouveau. Il est semble-t-il de coutume chez eux, d’accueillir les nouvelles têtes lors d’évènements particuliers. J’aurais pu mal tomber, en définitive. D’autant que certains d’entre eux partageront encore mon existence jusqu’à… Allez savoir. Car le monde défile autrement, lorsque vous vous drapez de Nuit et que celle-ci vous emmène danser sur les fils du temps. Les mois sont jours, les années des semaines durant lesquelles on vous apprend la non-vie, quelques principes de base. On vous entraîne, vous enseigne les arts de la chasse, la façon d’interagir avec les différentes créatures qui peuplent l’océan éternel. Un jour vous vous retrouvez en proie à d’horribles visions. Un autre vous déambulez en feignant reprendre votre quotidien. Un autre encore, les deux mondes se superposent enfin. L’un file à la vitesse d’un comète, tandis que l’autre l’englobe et le dévore sans effusions ni rancœur. Frères et sœurs, Sires et Infants, Humains, Lupins, tous liés et piégés dans la même toile, mais incapables de véritablement se comprendre. Sans véritable surprise le temps eu tôt fait d’élimer les liens qui m’enlisaient dans le cocon émotionnel des premiers jours et Corbin ne tarda pas à se faire plus distant, pour bientôt disparaître de la grande Fresque. Après avoir été trop longtemps couvée, dorlotée, ballotée puis projetée contre les parois de cette dure réalité il jugea opportun de m’introduire aux forces Camaristes en place et délégua ses responsabilités de père de substitution en me jetant dans les bras crochus de la Primogène Malkavian en place. Eulalie. Un nom qui restera éternellement gravé dans mon esprit souillé par d’innombrables trous noirs. J’avais un jeu solide en main, et quelques vestiges de ma vie passée. La matriarche dans sa grande mansuétude se mit à composer avec les fils de mon cœur, en arracha certains puis les plongea dans l’encre noire de ses yeux toujours rivés sur sa nouvelle enfant. Un pion de plus, un outil rouillé, un élément dispensable. Voilà ce que j’allais devenir. Bad to the Bone Le parcours est long, semé d’obstacles mais aussi de corps. Des vagues de sang fouettent mon visage tandis que je progresse, enveloppée d’une épaisse brume cendreuse. Mes maigres talents au combat laissent place à ceux gravés dans le marbre noirci par les âges. Je suis à la fois messager de mort, enquêtrice, et ouvrière emprisonnée dans la toile de cette mégère corrompue par sa propre folie. Rien ne se passe jamais comme on peut parfois le lire dans les étoiles. Tantôt filante, tantôt figée je me fonds toujours dans la masse éblouissante jusqu’à ce qu’un nuage me plonge dans l’oubli. Mais la Lune elle, ne cesse d’observer. Et c’est par sa grandeur que le néant un beau jour manqua me gober toute entière. Un conte macabre mêlant mes semblables et le bétail périssable ravageant les galeries de la Grande Pomme. De la musique, assourdissante, un spectacle son et lumière qui s’ouvre finalement sur l’exposition des corps et les effluves putrides. Plusieurs moustiques se retrouvent piégés. L’odeur. Le Roi des vers nous adoube tour à tour avant de nous jeter dans la fosse des sept enfers. Il n’en faudra à peine plus que la moitié pour atteindre le purgatoire. J’apprends de ces erreurs, et mes compagnons aussi. Notre pouvoir est malléable, notre soif un fardeau. Mais qui aurait pu croire que les pantins pouvaient manier les fils de l’occulte ? Il est maintenant clair que les ténèbres peuvent s’offrir à tous, et que notre rôle est donc de les retenir aux frontières du Paradis Pourpre. Une tâche loin d’être aisée lorsqu’on la confie à de pauvres orphelins. C’est d’ailleurs ce qui me valut de nombreuses remises en questions au cours des années suivantes. Alors que la monstrueuse Pieuvre Rouge rendait son dernier soupir mes yeux dénués de larmes se révulsèrent afin de contempler le Nid duquel j’avais pu jaillir un soir, bercée par tant de merveilles et de promesses qui finalement prirent la forme d’une odieuse supercherie. Tout système, aussi robuste soit-il n’en demeure pas moins ouvert aux infiltrations. Des failles s’écoule le pus anarchiste libertaire, l’idéal individualiste. Nous sommes tous irrémédiablement aspirés vers le vortex et, là où la masse y voit une déviance je me soumets à sa défiance. La fibre toute entière vibre à chacun de mes pas, murmure. Pourquoi cet amalgame pyramidale serait-il plus noble que les autres ? Il est simplement plus vieux, poussiéreux et faussement mêlé dans un enchevêtrement de principes salutaires. Alors je contemple en bon agent double l’évolution de tous les plans au cœur de cet univers instable. Les cellules s’affrontent, se côtoient parfois comme lors de ce terrible cataclysme qui eut presque raison de la race supposée dominante. Il portait le titre d’Ancien car son accoutrement est vestige d’une souillure depuis longtemps oubliée. Le Docteur opère et se garde du regard d’autrui sous son masque de corbeau. Il fauche, taille, empoisonne le cœur de ses semblables pour leur rappeler ô combien la vie est précieuse. L’algorithme de sang noir s’élève, se rassemble sur les hauteur du mont de piété et s’affole. Les clivages disparaissent un temps, la peste ronge les barreaux d’une prison illusoire. Une nouvelle fois je m’extrais de la solitude apaisante du cocon maternel pour retrouver mon groupe de chevaliers soumis à la grâce du Roi Fantoche. L’enquête s’étend et s’étale, s’enterre, sans air ni vers. Nos spectres traversent les monticules de cadavres et la fange, s’expatrient, renaissent en quarantaine pour finalement côtoyer le tout et son contraire. Mon œil torve se tord vers l’horizon. Texas. Nous faisons la rencontre d’un groupuscule sans Dieux ni Maîtres, des Anarchs. En un instant la couche de doute putride s’écaille et laisse mon cœur offert aux tourments de la passion que je pensais morte des suites d’une lente agonie. Elle incarne le joyau de ce temple abandonné, la flamme qui ne consumera mes chairs, et consomme ce que je possède de plus cher. Elle est mon aimant, mon amante, ma lune. Selina. Elle est le corps céleste qui percute mon monde et le détruit. A tout jamais. De ce coït interplanétaire renaît un royaume obscure où deux minuscules araignées tissent sous couvert des ombres leur nid stérile. Une fois l’affaire résolue, le pacte descellé et le Docteur en cavale je profite donc de la cavalcade pour entrer dans le Désordre. Le Fruit, trop mûr, éclate. Un dossier s’efface, un cocon s’embrase, les roues crissent sur le bitume tiède. Une troisième vie débute sur les cendre de la précédente. Direction le Texas puis Chicago. Désormais nous brandirons notre propre étendard, nous composerons avec nos amours multiples, nous tisserons ensemble les bases d’un monde que personne ne pourra jamais comprendre. Et jamais nous stopperons notre épopée, car telle est la tâche de l’araignée… Détruire, pour rebâtir. Eternellement.
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