[Mission - East Side, street 12th Monaco] Qui est l'appareil?

Cette petite incursion au Succubus avait été plus divertissante que d'habitude, il fallait l'admettre. S'il était vrai que l'invitation d'Annabelle l'avait de prime abord dérangé, il était plutôt satisfait d'y avoir répondu positivement - en imaginant qu'il ait vraiment eu le choix de la refuser. Annabelle était un personnage intriguant, pouvant passer de la fashionista totalement superficielle à la Primogène du Clan Toreador en quelques secondes seulement. Une raison de ne jamais abaisser sa garde quand elle était à proximité, bien qu'elle n'ait jamais démontré une quelconque animosité à son égard. En tout cas, voir leur réaction, à elle et Lys, alors que cette femme s'était approchée de leur table valait bien tous les désagréments causés par ce lieu. Une seule chose l'interpelait encore: la venue du chat sans aucune raison. Peut-être était-il simplement venu écouter, non plutôt espionner leur discussion pour son maître.

Et peut-être même était-il encore aux alentours alors qu'il s'approchait de la piste qu'on lui avait demandé de remonter. L'Est de la ville, une partie de Chicago qu'il connaissait plutôt bien puisque c'est par là bas que se situait son manoir, juste à côté du lac Michigan. Mais cette fois, il ne s'agissait pas de retourner tranquillement chez lui mais de se rendre à cette adresse que lui avait donné Annabelle. Cet homme qui s'était apparemment vanté d'être à l'origine des appels étranges. Probablement un simple profiteur qui tentait de faire parler de lui en surfant sur un évènement important. Mais bon, entre ça et rien, il fallait se contenter de cette piste. Et puis, avec un peu de chances, il aurait une bonne surprise.

Fais quand même attention. Les plans des sangsues, ça mène toujours aux ennuis.

Bah, veille sur moi et ça se passera bien.

Seulement si après on mange.

Harold avait levé les yeux au ciel alors qu'il arrivait devant le bâtiment dont on lui avait donné l'adresse. Plusieurs options s'offraient à lui. Soit une entrée discrète pour tenter de récolter des informations sur le mystérieux vantard, soit une approche directe en allant lui parler. Observant quelques instants la géographie des lieux, Harold opta finalement pour la seconde solution. Ainsi, ils obtiendraient leurs réponses bien plus rapidement et avec beaucoup moins de complications. Se dirigeant vers la porte de l'appartement, notant au passage si le nom de l'occupant était affiché quelque part, le Gangrel se contenta de frapper à la porte de celui-ci, attendant de voir si quelqu'un allait venir lui ouvrir.

Deux mains pianotaient sur un clavier frénétiquement, quatre écrans brillaient dans la pénombre d'une chambre. Soudain, des bruits vinrent de la porte. Certainement encore la voisine qui râlait contre le bruit de la musique. Non. Impossible, il écoutait même pas la musique mais bon, vu le niveau de cette femme, il devait bien s'agir encore d'elle. Quittant son siège, il s'approcha de la porte. Il avait mis un sweat en retroussant les manches et ouvrit la porte.

Levant un sourcil, le locataire regardait le beau gosse et le chien qui était à côté. Ce dernier voyait devant lui un jeune homme d'une vingtaine d'années, cheveux hirsutes, yeux noirs. Il était tout de même assez athlétique à première vue. Une odeur se dégageait aussi de l'appartement, signifiant que personne ne devait faire le ménage bien souvent dans cet appartement. Sa tête passa dans le couloir pour voir s'il y avait d'autres personnes mais non.

- Bonsoir, qu'est ce que je peux pour vous ?

Dans un raclement de gorge, il saluait l'inviter sans dire un mot de plus. Harold pouvait aussi se rendre compte d'un tatouage sur le bras droit. On pouvait voir une sorte de disque blanc surmonté d'un triangle noir. Sur ses gardes, il restait quand même attentif aux moindres mouvements agressifs. Mêmes les maboules pouvaient avoir une belle gueule, Bundy en était la preuve...

Attendant devant la porte, Harold avait jeté un oeil entendu à Moloss. Pas d'agressivité a priori mais rien n'empêchait de se tenir sur ses gardes si le plan d'Annabelle tournait au vinaigre. Après tout, il pouvait trouver tout et n'importe quoi derrière cette porte. De la ribambelle de cinglés ayant décidé de traumatiser la ville au benêt de service qui avait voulu faire le malin devant ses potes en ouvrant sa grande gueule au moment opportun.

J'écoute et s'il se comporte mal, je lui croque la jambe. Et après on rentre, c'est nul ici.

Il ne fallut que quelques instants pour que la porte s'ouvre finalement face à lui. Une sorte d'étudiant geek semblait lui faire face. Du style de ceux qui passent pas mal de temps enfermés dans leur appart, derrière leur ordinateur. Et n'ouvrant la porte que pour recevoir les livraisons de bouffe qu'ils avaient commandées. Harold nota néanmoins deux choses en apercevant son interlocuteur: ce dernier n'était pas un freluquet, preuve que sa première impression n'était pas totalement juste, et le tatouage sur son avant-bras lui rappelait quelque chose dont il avait entendu parler en France. Amusant ce genre de coïncidence. Réfléchissant à la meilleure manière d'aborder le sujet, Harold préféra faire ce qu'il savait faire le mieux: parler ouvertement. Les grandes manipulations pouvaient bien être laissées aux Toreadors et autres Ventrues.

Salut l'ami. Je ne vais pas passer par quatre chemins. Moi c'est Harold, lui c'est Moloss. On enquête tous les deux sur une histoire d'appels que tout le monde reçoit ces derniers temps en ville. Des appels bizarres disant "En toute chose, c'est la fin qui est essentielle." Je ne sais pas ce que cela signifie, ça ne m'inspire pas des tonnes je dois dire. Mais un contact sûr m'a dit que tu t'étais vanté d'être à l'origine des appels. Je doute que ce soit vraiment le cas mais quelque chose me dit que tu as sûrement des informations là dessus.

Marquant une petite pause pour voir la réaction de l'homme, Harold ajouta

Et le tatouage sur ton bras me confirme que tu dois en avoir pas mal des infos. Je viens pas me battre, et Moloss non plus. Alors si tu veux bien discuter un peu, on peut juste parler quelques minutes du sujet qui m'intéresse et je repars ensuite en oubliant cette adresse. J'ai même de quoi négocier quelques informations.

Ne dépense pas trop, j'ai faim.

Silencieux, l'homme observait un instant derrière le Gangrel avant de refermer la porte. Perdu dans ses pensées, il ne répondit pas de suite à ses demandes et prit un coca pour se remplir le gosier quelques instants. Il s'attendait bien à certaines visites à un moment ou un autre, mais, un Vampire ne faisait pas parti de ses plans ? Tournant les yeux vers le chien qui regardait l'hôte de circonstance, il prit un morceau de jambon et le lui donna. Puis, il se tourna pour observer avec attention la personne qui venait de mettre les points sur les i de façon assez frontale.

- C'est une phrase très connue dans le monde fermé des joueurs d'échec, c'est à la toute fin que l'on sait si on fait Mat ou non. Je m'en suis vanté ouais ! Mais je pensais pas tomber sur un mec comme... toi. Ca c'était pas prévu, pas prévu du tout.... Cela va donc plus loin que prévu et je dois en prévenir mes chefs... Bon...

Il allait vers son bureau et ouvrit le clapet d'un ordinateur portable. Il y avait une carte de la région des grands Lacs, vert sur fond noir. On pouvait voir des centaines de lignes d'appel qui se concentraient sur Chicago fin de l'année 2004.

- Comme tu le vois, fin de l'année dernière, des milliers d'appel ont été lancé de milliers d'opérateurs et serveurs en tout genre, comme si c'était programmé depuis longtemps. C'est pas une mince affaire mais la presse a pensé à une simple affaire d'Hacker qui se foutait de la gueule du Patriot Act. Mais... crois moi ! Ils sont sur les dents eux aussi, ils ont pas aimé... Tout ce que je sais, c'est un indicatif canadien qui revient en permanence, et aussi celui de Saint Louis. C'est à ces deux points que mes recherches m'ont conduit et c'est alors que je me suis rendu compte que pas mal d'intermédiaires venaient de société immobilières, ce qui est pas le plus commun dans le milieu... A la base, j'ai fait en sorte de me faire connaitre sur les réseaux sociaux pour démasquer les coupables. Mais si les vôtres sont impactés.... Ca change pas mal de choses...

Il terminait sa phrase en avalant sa salive. Oh que oui, inutile d'être devin qu'il se sentait pas à l'aise dans la situation présente. Son débit de parole avait été pour le moins chaotique, le stress peut être...

Son approche avait été directe. Simple, concise. Il avait préféré discuter avec sa seule source d'informations disponible plutôt que de risquer une approche discrète qui aurait pu le mener à la catastrophe. Après tout, il fallait être honnête. Si cet homme était bien un hacker, venir chercher des informations chez lui sans le prévenir ne l'aurait mené à rien. Car tout ce qu'il savait devait se trouver sur un ordinateur protégé et ses compétences ne lui permettaient absolument pas de passer une telle protection. Et au vu des premières informations qui lui parvenaient, Harold était persuadé d'avoir fait le bon choix. Et si tout se passait comme prévu, il repartirait d'ici tranquillement sans même avoir eu besoin de sortir ses griffes.

Aux premières paroles de l'homme, le Gangrel afficha une légère surprise avant de finalement lui répondre, non sans avoir jeté un regard tout autour de lui pour observer les lieux.

Un mec comme moi? Donc tu sais qui je suis. Ca signifie que tu es toi-même quelqu'un de particulier. Tu veux m'en dire plus? Après tout, c'est pas normal que tu saches à qui tu as affaire alors que moi je ne sais rien de toi. Et tes chefs, je peux savoir de qui tu parles?

Cette histoire était étrange. Cet homme... il n'était visiblement pas un simple geek perdu dans son coin et cherchant à se faire connaître. Lui-même enquêtait sur les évènements. Et il n'était en toute vraisemblance ni un Vampire, ni un Lupin. Alors qui était-il? Et cette affaire. Les informations qu'il obtenait devaient certes avoir un intérêt mais il ne savait pas vraiment quoi en faire pour le moment. Si ce n'est les conserver au frais pour les ressortir aux bonnes personnes au bon moment. Après tout, dans cette société - et surtout chez les Vampires - l'information avait plus de valeur que la plupart des richesses qu'il possédait. Voyant le stress que sa présence semblait infliger à l'homme, Harold se posa sur une chaise pour réfléchir. Observant la carte que l'homme lui montrait:

Bon, t'inquiètes pas. Si j'avais voulu que ça se passe mal, j'aurais pas abordé le sujet aussi directement. Ou bien ils auraient envoyé quelqu'un de bien plus chiant que moi pour obtenir les informations. Je ne suis pas un salopard, je veux juste comprendre à quel point ce truc pue et si ça risque de causer des problèmes à la ville ou si c'est juste un cinglé. Tu aurais des noms de certaines de ces sociétés immobilières? Et y a quoi de spécial à Saint-Louis... Je peux essayer de faire jouer mes contacts mais me faudrait plus d'infos. T'es un hacker, t'as forcément trouvé des détails plus poussés, non?

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